Un an aux Philippines  par Alexia Delas

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Les préparatifs d’un long voyage
09.01.2012
1
Au boulot !
Korlanda Family, Mactan, Cebu
30.01.2012 - Voir la carte
2
Le quotidien aux Philippines
Cabancalan, Cebu City
30.01.2012 - Voir la carte
3
Pique-nique dominical en montagne
Balamban, Cebu
06.02.2012 - Voir la carte
4
Happy Valentine’s
Davao, Mindanao
14.02.2012 - Voir la carte
5
Les cascades de Kawasan
Matutinao, Badian, Cebu
18.03.2012 - Voir la carte
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Siargao, mon coup de coeur
Siargao, Surigao du Nord, Caraga
11.04.2012 - Voir la carte
7
Mon boulot à Cebu
Korlanda Family, Mactan, Cebu
01.07.2012 - Voir la carte

Alexia Delas

L’histoire commence le jour où je démissionne de mon poste parisien. Quelques mois auparavant, j’ai rencontré un chef d’entreprise français, concepteur de bijoux installé aux Philippines, avec qui le courant est très bien passé. Il m’a proposé un poste de designer consultant pour six mois à Cebu.

 

Je laisse mûrir l’idée. Quatre mois s’écoulent. Et puis, le 9 janvier : j’accepte !

 

Le contre-la-montre commence : s’informer sur les dangers du pays (mauvaise idée, la famille s’affole et moi aussi !), rendre mon appartement, déménager, acheter les produits rares aux Philippines (tampons hygiéniques, médicaments, chocolat, fromage) et surtout dire « Au revoir » à la famille et aux amis.

 

 

Premiers souvenirs de mon arrivée sur le sol philippin

Le jardin de l'entreprise sous une pluie tropicale

J’arrive un vendredi et mon contrat débute le lundi suivant ; je pense donc me reposer jusqu’au dimanche mais les managers de l’entreprise en ont décidé autrement. Je suis invitée à visiter l’entreprise et à rencontrer l’équipe avec laquelle je vais travailler pendant les six prochains mois, sans un brin de toilette, après seize heures d’avion !

 

En fait, Jean-Daniel – le chef d’entreprise – et Manuelle – sa fille – habitués des voyages d’affaire m’ont concocté ce programme pour me remettre du décalage horaire en un éclair, me familiariser avec mon nouveau quotidien et m’éviter la solitude des premiers jours dans une nouvelle ville (un nouveau pays, un nouveau continent, avec un nouveau boulot, de nouveaux horaires, un nouvel appartement et de nouvelles têtes).

Le lundi, c’est le jour J: on m’appelle en salle de réunion.

 

Mon carnet de notes sous le bras, je descends, m’installe tout en faisant connaissance avec Emelon, la prototypiste avec qui je vais travailler étroitement. Des regards se posent sur moi et des rires éclatent… Ce n’est pas une réunion mais un pot d’arrivée en mon honneur ! Une affiche accrochée au mur arbore « Welcome Alexia, from Kor Landa Family », c’est touchant !

 

L’équipe managériale me souhaite la bienvenue. Puis c’est à mon tour de baragouiner un mot de remerciement en anglais. Ce premier jour m’apprend la générosité des Philippins ainsi que leur ferveur pour les discours.

Les combats de coq, pratiqués par les hommes chaque dimanche

A Cebu le soleil se couche tôt, vers 18h toutes l’année et nous vivons à son rythme : soit un lever à 6h, le travail de 7h à 17h-18h30. Bien que je ne sois pas matinale, il fait déjà si chaud et beau à 6h que l’on se lève chaque jour le sourire aux lèvres.

 

Le week-end, on est généralement réveillé avant 9h par les coqs – l’animal de compagnie des Philippins – les chiens errants qui concourent pour le prix du meilleur aboiement du quartier ou les Philippins s’adonnant à leur passe-temps favori : le karaoké !

 

Etonnament, ces nuisances sonores perpétuelles ne gênent pas les Philippins à l’ouïe insensible. Au contraire, ma collègue me raconte qu’il est inconcevable pour elle de dormir seule dans une pièce, le silence l’effraie.

Depuis mon arrivée, chaque, jour, quelque chose m’étonne ou m’émerveille ; cela durera jusqu’à la fin de mon voyage. Aujourd’hui, la petite communauté des expatriés français à Cebu se retrouve pour un pique-nique dans les montagnes de l’île, à 30 minutes de voiture de la ville et 45 minutes de la mer. Moi qui suis née dans la région Centre – 4 heures de la mer et 4 heures de la montagne – l’île de Cebu offre un cocktail détonnant !

 

Il est midi, c’est dimanche. Toutes les générations se retrouvent autour d’un déjeuner à la française, à base de baguettes de pain (ou ce qui s’en rapproche le plus) de pâtés et d’un bon vin. Le tout dégotté à l’un des trois revendeurs de produits français. Seule exception, le traditionnel gigot a été remplacé par le « lechòn » (cochon de lait cuit à la broche).

 

Tout cela est bien familier : les enfants courent, les parents essaient en vain d’avoir une conversation entière, les ados sont dans leur coin. Cela ressemble à une réunion de famille, ma famille adoptive de l’autre bout du monde.

 

Après ce pique-nique amélioré, nous entamons une randonnée pour monter apprécier la vue panoramique de l’île de Cebu, avec d’un côté les îles de Mactan et Bohol au loin, et de l’autre celle de Negros à l’horizon. Ca monte, ça monte mais les gouttes de sueur qui perlent sur nos visages se font oublier à la vue de ce paysage d’un vert si intense !

La Saint Valentin est une institution aux Philippines. dès le matin, on croise des motocyclistes la rose à la main et les échoppes de fleurs semblent avoir éclos dans la nuit !
Au travail, les retardataires commandent un bouquet pour l’offrir à leur bien-aimée le soir, quand d’autres achètent un gâteau décoré d’un coeur rose bonbon. Les « Happy Valentine’s Day » pleuvent, autant à son/sa conjoint(e) qu’à ses amis et ses collègues. Autre exemple, une étudiante rentre de l’école avec un ballon en forme de coeur à offrir à sa mère.

 

Attention toutefois à sa tenue, en ce 14 février le rouge symbolise que vous êtes libre et votre coeur à prendre !

 

Religion et mariage

 

La religion est au centre de la vie philippine.Avec plus de 80% de catholiques, les églises ne désemplissent pas, des messes ont même lieu dans la rue.
Par conséquent, le mariage est un pré-requis de tout foyer familial. Un bébé conçu hors du mariage, par exemple, est la honte de la famille. Il faudra donc se marier en toute hâte, même si ce n’est pas l’amour fou entre les futurs époux.

Au programme ce week-end, une expédition dans le sud de l’île de Cebu en van avec 12 collègues ; un bon moyen de nouer des liens et décrypter la culture locale. Il faut savoir qu’un voyage à la Philippine est un voyage expresse. Le minivan se loue au tarif jour, aussi nous partons pour exactement 24h !

 

A 6h du matin, direction le Sud vers le ‘baranguay’ (quartier) de Badian qui détient l’une des plus belles merveilles de Cebu : les cascades de Kawasan. Après 3h de route, nous arrivons à destination. Une courte marche le long d’un ruisseau nous mène aux cascades dans un décor incroyable : l’eau est bleu turquoise alors que la végétation se pare de toutes ses nuances de vert. Après un bain rafraichissant, nous suivons le sentier vers les cascades des plus haut plateaux mais très vite nous redescendons car les Philippins ne sont pas de grands marcheurs et ont faim, malgré le ‘Chicharròn’ (de la peau de porc frite) grignoté toute la matinée !

 

Nous passons la nuit dans un vétuste cottage loué sur la plage de Moalboal. 2 lits double pour 13 personnes. On dort quelques heures à tour de rôle. A ma grande surprise, je suis réveillée à 3h du matin car nous quittons les lieux et prenons la route du retour, on ne m’avait pas prévenue. Cette fois, j’apprends combien les Philippins peuvent être mystérieux.

Quelques jours de congés me sont accordés, j’en profite pour partir en expédition à Siargao (prononcer [Shar gao]). Cette île est située à l’est des Philippines, encore relativement sauvage. Ce qui la rend unique, c’est sa jungle abondante et ses spots de surf. Elle regorge de trésors : des mangroves, des piscines naturelles, des rizières, des plages sauvages et surtout peu de touristes.

 

J’ai revécu ce petit bonheur, enfant, de cueillir ses propres fruits du verger et les manger jusqu’à en être repue. A Siargao, c’était avec l’eau de coco (‘buko juice’). Cette dernière a un goût très différent du lait de coco (issu de noix de coco séchée) dont nous sommes plus coutumier. Elle est moins sucrée mais plus rafraîchissante.

 

Continuons avec cette nature qui me fascine. Saviez-vous que les palmiers sont parmi les premières causes de décès dans l’archipel, avec la chute de ses fruits ? J’ai découvert comment poussaient les bananes : en grappes géantes nommées ‘régimes’, dans un arbre de cinq mètres de haut maximum. Le bananier est reconnaissable par ses immenses feuilles qu’on utilise beaucoup dans la cuisine philippine pour y cuire du riz ou du poisson en papillote. Elles servent également d’assiettes jetables.
Autres découvertes : la fleur d’ananas et la rose de porcelaine sont d’une incroyable beauté. Grosses comme ma main, elles semblent factices tellement leur forme est parfaite.

 

 

La faune philippine

 

Après la flore, voici quelques exemples évocateurs de l’incroyable faune :
• On peut observer de nombreuses espèces d’oiseaux migrateurs, des insectes en tous genre ou encore des ‘carabao’ (buffles d’eau).
• Il y a des animaux endémiques comme l’aigle des Philippines et le tarsier des Philippines (le plus petit primate du monde dont la tête peur tourner à 340°).
• On trouve des animaux multicolores. Un jour, je prenais en photo des fleurs tropicales, quand dans mon appareil, un petit point coloré attire mon attention. Je lève alors les yeux et découvre un superbe insecte aux couleurs de l’arc-en-ciel (cf page suivante).
• La faune sous-marine n’est pas en reste avec ses tortues, ses poissons tropicaux ou encore ses palourdes géantes. A la page suivante, vous en trouverez une qui mesure un mètre de long. Elle est fascinante, avec les couleurs vibrantes de sa membrane intérieure.

L’île de Siargao s’est fait connaître pour son excellent spot de surf appelé Cloud Nine. Il accueille une compétition internationale dans un décor à faire saliver les Basques. Le spot offre des vagues pour tous niveaux. D’ailleurs, si vous débutez, vous ne pourrez qu’aimer le surf ici. En plus du cadre exceptionnel, vous louez la planche et le moniteur pour 8€/heure. Il vous la porte jusqu’à l’océan, vous place sur la vague et vous pousse au moment opportun. Au risque de se sentir un peu trop assisté, vous ne repartirez pas dégoûté !

 

Cloud Nine affiche un joli métissage entre locaux et expatriés. Ils pratiquent le surf ensemble, vivent en harmonie et se retrouvent même le vendredi au ‘Jungle Bar’ ; cette discothèque d’extérieur, en pleine jungle, est incontournable !

Comme certains pourraient penser que je suis en vacances, je tiens à vous raconter mon quotidien. Je travaille dans une entreprise franco-philippine de création et fabrication de bijoux. Le cadre de travail est idéal avec ce patio central verdoyant et des bureaux spacieux. Cela dit, nous ne chômons pas : temps de travail = 50h/sem. résultat, peu de temps libre le soir, la semaine passe comme une seule et même journée ! D’autre part, les Philippins ne connaissent pas les 5 semaines de congés payés.

Alexia Delas, née en 1989, est designer et artiste. Après ses études en design de produits et ingénierie à Paris et en Angleterre, Alexia Delas s’exile aux Philippines pour découvrir le monde de la conception de bijoux. Elle tombe sous le charme de ce pays et publie deux ouvrages sur l’archipel ; un moyen de partager son coup de cœur et de prolonger l’aventure !
Depuis son retour, elle partage son temps entre son travail – chef de projet Innovation pour de grandes marques de l’agroalimentaire – et sa passion pour le surf qui l’amène à la rencontre des habitants des quatre coins du monde. Elle prépare en ce moment ses carnets de voyage sur la Californie et le Costa Rica, mais chut !

Plus d’informations

Ses livres


Carnet de voyage, un an aux Philippines,
auto-édité, 2017

 


Philippines, archipel des paradoxes,
avec Stéphanie Larrandabure,
Editions Olizane, 2015

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