

est une revue en ligne consacrée au récit de voyage sous toutes ses formes – textes, photos, vidéos, dessins. Sur terre comme sur mer, d’ici ou d’ailleurs, suivez nos artistes-voyageurs sur les chemins du monde!
Couchée dans ma banette, l’oreille collée au moteur dont je surveille la respiration bruyante, le sommeil ne vient pas. La gîte me bouscule, mon corps se raidit à chaque secousse et j’aimerais me coller à l’arrondi de la coque. Mais le bateau se cabre comme une baleine harponnée et ses sursauts me renvoient dans le filet anti-roulis.
Nouvelle crispation de mes muscles et sens en éveil !
Quelques heures plus tard, je sens enfin qu’il s’apaise et que les coups de boutoir des vagues cessent de l détourner de son cap. Je sais maintenant ce qu signifient ces changements de régime : la glace est bientôt là !
L’heure de mon quart approche et je m’arrache doucement de la chaleur de mon duvet.
Premier regard sur le soleil doré de 5 heures du matin.
Je découvre face à nous l’horizon tracé à la craie blanche. Equipée comme pour affronter l’Everest, je gravis les échelons du mât pour rejoindre le nid de pie et être la vigie pour guider Vagabond dans les glaces et le labyrinthe qu’elles dessinent sans cesse.
Dominant de si haut cet espace sans frontières, je deviens un pirate du pôle, libre, et je ris de
4 août
Nous avons repris notre route vers Herschel vers 13H00 après avoir lutté longtemps contre les glaces. A 16H30 l’île est là devant nous, la mer est un peu agitée, ciel bleu. On contourne la pointe de l’île, l’eau est complètement libre. On aperçoit déjà le trait blanc qui annonce un nouvel horizon de glace. Sieste jusqu’à 19H00, au réveil , beauté de la lumière. Quelques maisons de bois sont posées sur un banc de sable. Des phoques curieux viennent nous montrer leurs moustaches.
L’île marque notre entrée officielle au Canada, même si nous avons franchi la frontière invisible entre l’Alaska et le Canada, il y a déjà 3 jours. Il nous faut changer d’heure et ajouter 2 heures à nos montres. (…)
5 août. Dans la nuit le vent se lève, avec des pointes à 50 noeuds ! Changement de mouillage, plus loin de la côte. Au réveil, appel du ranger pour nous dire que nous pouvons descendre à terre. Mer houleuse, glace dans la baie, bleu intense, quelques nuages cotonneux posés à l’horizon (…)
6 août. Lever vers 9H30. Pain frais au petit déj’. Le vent a enfin faibli, l’île est inondée et quelques maisons, dont le sauna et la stèle des baleiniers ont les pieds dans l’eau. Descente à terre, bottes aux pieds pour explorer « Qikiqtaruk », « C’est une île » en
Artiste des latitudes, aussi bien lointaines que proches, son port de détache est Marseille et d’attache Berlin. Auteur et poète visuelle – Plasticienne et photographe – liseuse publique – elle invite à la dérive mais toujours par le sensible, tour à tour semeuse ou glaneuse de mots et d’images.
Les sujets qui l’inspirent sont les villes ou les bouts du monde, leurs habitants et la mémoire des lieux… Mais en réalité quel que soit le thème, son travail réside dans le fait de ramener toujours ce qu’il y a d’universel dans le particulier.
A la fois exploratrice du réel et de l’imaginaire, elle se veut « Voyageographe », elle arpente un coin de quartier ou une île, embarque pour une expédition ou s’installe plusieurs mois dans une ville pour en tenir la chronique, celle des gens, des rues, des no man’s land…
Et puis elle lit et depuis 2014 réalise des films documentaires à Berlin, sa ville de coeur.
Une nouvelle illustrée, inspirée par son passage sur l’île Herschel, en accès gratuit.