Voyage dans ma cité  par Sophie Raynal / Prête moi tes yeux

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Vous êtes arrivés à Gallieni
Terminus de la ligne 3
4 mai 2017 - Voir la carte
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Le parc des Guilands
Parc des Guilands
4 mai 2017 - Voir la carte
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La Noue
Cité de la Noue
4 mai 2017 - Voir la carte
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Maly
Centre culturel et social Guy Toffoletti
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Le cours de français
Centre culturel et social Guy Toffoletti
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Le nouvel an chinois
Centre culturel et social Guy Toffoletti
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La fête africaine
Centre culturel et social Guy Toffoletti
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Le cours de couture
Centre culturel et social Guy Toffoletti
4 mai 2017 - Voir la carte
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Fin de la visite
Centre culturel et social Guy Toffoletti
4 mai 2017 - Voir la carte
Sophie Raynal / Prête moi tes yeux

Sophie Raynal / Prête moi tes yeux

Bienvenue à la station de métro « Gallieni ». Vous êtes en Seine-saint-Denis, au terminus de la ligne n°3 du métro parisien, dans la ville de Bagnolet.

En sortant de la bouche de métro, derrière un caddie qui sert de barbecue, je remarque tout de suite l’échangeur de l’autoroute qui étrangle la gare routière et le centre commercial. Cette pelote de verre, de béton et de métal est traversée par toutes sortes de véhicules et toutes sortes de gens. Si le paysage est gris, les passants et les pubs sont multicolores.

Quelques mètres plus haut se trouve le parc des Guilands. Sur le grand terrain aux pieds des tours, les enfants improvisent des équipes de foot. Les adultes jouent du luth, promènent leur chien, font du jogging ou du Taï-Chi. Chacun se relaxe en regardant Paris qui s’étend à l’horizon sous son manteau de pollution. En marchant vers les tours, je croise cinq chinois qui dansent, l’air concentrés, en écoutant du reggae.

J’arrive au quartier de La Noue. Ces tours hébergent plus de 4 000 âmes venues de 40 pays différents. Les immeubles ont été dressés à la fin des années 60 sur un modèle d’urbanisme de dalle, sur les communes de Montreuil et Bagnolet. Au début, c’était un luxe de venir ici : la Noue n’était pas synonyme de précarité. Puis, petit à petit, le quartier s’est dégradé. Aujourd’hui c’est une cité mal entretenue, avec, au cœur de la dalle, un centre associatif actif qui se démène pour créer du lien.

Quand on vient mettre le nez au centre social et culturel Guy Toffoleti, on rencontre vite Maly. Elle est animatrice sur la structure, référante des familles et des adultes. D’origine cambodgienne, elle est arrivée à Bagnolet dans les années 80, lorsque sa famille a été contrainte de fuir le régime des Khmers rouges. À l’époque, sa mère a pu trouver du travail dans les ateliers de couture installés sous la dalle de la cité. Aujourd’hui, Maly travaille au centre : elle propose divers ateliers, organise des évènements et gère le planning des intervenants. En bref, elle contribue à ce que chacun s’intéresse à son voisin et puisse mieux le comprendre. Son action, aussi bénéfique qu’indispensable, dépend du budget alloué par la mairie de la ville.

C’est grâce à ce centre (et en partie à Maly) que l’on peut suivre des cours de français gratuits. Borbala, la petite prof à rayure, est hongroise. Dressée devant le tableau Velleda avec son énergie et sa patience, elle gesticule pour se faire comprendre de ses élèves, parfois de plus de dix nationalités différentes sur un cours. Chacun répète et lit avec l’accent qui lui est propre les textes imprimés sur les polycopiés. Nous sommes au rez-de-chaussée de la tour de Babel.

Des fêtes sont organisées, et chaque communauté est représentée au fur et à mesure des évènements. Les plus nombreux à la cité de la Noue sont les chinois. Leur fête tombe toujours en février (devinez pourquoi). Au programme : concert, goûter, atelier de calligraphie et projection de film pour tout le monde.

Il y a aussi la fête africaine. Ce jour là, c’est mafé pour tout le monde. Les concerts s’enchaînent dans un tourbillon de boubous colorés, des artistes viennent présenter leurs gravures et proposent des ateliers. Le cours de danse africaine fait une démonstration, et tout le monde bois du jus de gingembre et du bissap.

Le centre social n’est pas ouvert seulement les jours de fête. Le reste du temps, on peut toujours venir pour du soutien scolaire, du sport, de la danse, des cours d’alphabétisation, du soutien administratif, apprendre à jouer aux échecs, et mille autres activités.

L’atelier que j’aime bien, c’est celui de couture. C’est Esma qui le dirige. D’origine turque, elle maîtrise l’art de l’aiguille, une technique traditionnelle de broderie utilisée pour orner les foulards des femmes d’Anatolie. « Au début, j’ai proposé aux autres femmes d’apprendre cette technique, mais elles n’ont pas voulu. Chacune aime faire selon sa manière, ses coutumes et ses habitudes, donc je les laisse tranquille. De mon côté, je déteste qu’on me force la main, alors pourquoi j’imposerais ma façon de faire aux autres ? »

En bref, la Noue est un quartier vivant, grâce à ses habitants, une population hétéroclite et riche de sa diversité culturelle, et grâce au centre social et culturel qui se fait de son mieux pour que chacun puisse comprendre son voisin. Si vous ne me croyez pas, allez y faire un tour : la porte est toujours ouverte.

Je m’appelle Sophie Raynal. J’aime le dessin sur le vif, les illustrations métaphoriques et les recherches graphiques.

Après des études aux Arts Décoratifs de Paris, j’ai pratiqué l’illustration, la musique et le graphisme. L’idée m’est venue d’un voyage raconté en ligne par des dessins sonores et du texte. J’ai créé le site “Prête moi tes yeux” et suis partie un an à travers le monde. Mes carnets de voyage sont intégralement consultables sur le site.

À présent basée en France, je pratique le livesketching, l’illustration et le graphisme. Je continue à réaliser régulièrement des reportages dessinés et sonores.

Prête moi tes yeux est un grand carnet virtuel où je présente l’ensemble de mon travail.

Plus d’informations

Ses publications

– Laisse passer les quatre saisons, éditions du Pré au 6
– Il pleut aussi sur Beyrouth, avec Caroline Bourgeret, éditions Nova
Les sept colas blancs, Revue Bouts du Monde
Debout Népal, co-réalisé avec Maëlle Joly, éditions la Boîte à Bulles (à paraître en avril 2018)

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