Hola Mirò !!!  par Swasky

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1
Barcelone - Chicago (1)
Aéroport de Barcelona - El Prat
15.07.2016 - Voir la carte
2
En route pour la Fundaciò
Jardin des Sculptures de la Fundaciò
15.07.2016 - Voir la carte
3
Je décide de ne pas entrer
Sur le perron de la Fundaciò
15.07.2016 - Voir la carte
4
Dans l’aquarium
A l’intérieur de la Fundaciò
16.07.2016 - Voir la carte
5
Barcelone - Chicago (2)
Terrasse de la Fundaciò
16.07.2016 - Voir la carte
6
J’ai besoin de m’asseoir et de contempler
A la Fundaciò
16.07.2016 - Voir la carte
7
Retour aux sources
Mont-Roig del Camp
17.07.2016 - Voir la carte
8
Le rouge de Mirò
Montagne de la Mare de Déu de la Roca
17.07.2016 - Voir la carte
9
Mas Mirò
Près de l’autoroute
18.07.2016 - Voir la carte
10
Femme et oiseau
Parc de l’Escorxador, près de Sants
12.08.2016 - Voir la carte

Swasky

Avant que la Rambla ne soit bondée de touristes, la Pla de l’Os était un lieu de rencontre pour les hommes qui attendaient d’être engagés comme porteurs au marché de la Boqueria. La mosaïque de la Pla de l’Os souhaite la bienvenue à tous ceux et celles qui arrivent dans le port de Barcelone.

 

Mirò a aussi une oeuvre à l’aéroport pour souhaiter la bienvenue aux voyageurs arrivant par les airs. Il s’agit cette fois d’une fresque murale en faïence. Un projet était prévu pour recevoir les personnes arrivant par la route, à l’entrée de Barcelone par l’avenue Diagonal. Il n’a pas été réalisé, et la scuplture que Mirò avait conçue a finalement été installée à Chicago. Mais l’histoire ne se termine pas là, je vous raconterai la suite plus tard.

 

Il faut ajouter à cette triade le dernier élément: la Fundaciò conçue par l’architecte Josep Lluis Sert. Pour m’y rendre j’emprunte chaque fois le même chemin : de Sants, je traverse la Plaça Espanya, j’emprunte les escaliers conduisant au MNAC, je passe devant le Musée Ethnographique, puis j’arrive à la Fundaciò. Et chaque fois en vélo.

 

En général, tout le monde se dirige directement vers l’entrée, mais je préfère d’abord passer quelques instants dans le Jardin des sculptures, où l’on peut admirer les oeuvres d’artistes tels que Tom Carr, Gabriel Saénz Romero, Perejaume, Josep Maria Riera i Aragò, Jaume Plensa, Ernest Altés, Cado Manrique et Sergi Aguilar.

Je décide de ne pas entrer, pas encore. J’ai une obsession : voir les choses d’un autre point de vue, rompre avec les schémas établis. Ainsi, je m’éloigne, je veux voir la Fundaciò sous un autre angle, et je grimpe sur le perron qui se trouve juste en face. Les derniers rayons du soleil me laissent le temps de faire un dessin rapide. Il est tard, je reviendrai demain.

 

 

 

 

 

 

Une nouvelle journée. Je suis presque à l’intérieur. Je me mets à dessiner l’entrée et j’aperçois les lettres sur le seuil. Je les ai déjà vues auparavant, mais à présent je cherche à savoir ce qu’elles veulent dire et je ne parviens pas à m’en souvenir. CEAC. Je pense à cet organisme de cours par correspondance*… Non. Non plus Mirò, ni Joan, ni Fundaciò. Il faut que je trouve. Je cherche sur Google et je tombe sur le cours par correspondance. J’écris « CEAC Fundaciò Mirò », je retombe sur le cours, mais la réponse s’affiche elle aussi : Centre d’Etudes d’Art Contemporain.

 

*Le CEAC est un centre d’études par correspondance connu de tous dans les années 80.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans des vitrines, je trouve ces objets que Mirò surnommait des « sculptures d’objets trouvés ». Dans chaque vitrine, il a réuni des éléments qui, en principe, n’ont aucun lien. Ce sont les premiers exercices que l’on fait aux Beaux-Arts : sortir du contexte.

 

Cette figure est probablement celle qui me semble la plus surprenante car l’association des motifs peints avec une base en argile, une baguette et un crochet mural attire mon attention. Sans oublier le titre qui déstabilise encore plus : « Projet pour un monument ». Je tente d’imaginer les sensations des personnes qui l’ont vue pour la première fois. J’aimerais pouvoir regarder cette composition avec leurs yeux. De nos jours, nous sommes complètement saturés d’images, nous sommes des Homo videns, mais par chance, rien n’a jusqu’à présent pu remplacer l’expérience réelle.

Je vais vous expliquer l’histoire de « Lune, soleil et une étoile ». Vous vous souvenez de l’oeuvre qui devait souhaiter la bienvenue à l’entrée de Barcelone sur l’Avenue Diagonal ? C’est une maquette de cette sculpture. Si j’étais maire de Barcelone, j’accomplirais immédiatement le souhait de Mirò. Malheureusement, la sculpture est finalement partie pour Chicago. On peut seulement en voir la maquette dans cette cour, une cour inaccessible sauf si l’on y célèbre un événement. Nous devons donc nous contenter de l’observer de loin, à travers une porte en verre. Nous pouvons ainsi avoir une idée de la distance que ressentait Sert quand il se trouvait aux Etats-Unis, de l’éloignement dû à son exil forcé sous la dictature de Franco. Barcelone est loin.

Je suis dans le couloir et, soudain, une salle s’ouvre et je tombe sur la tapisserie de la Fundaciò. Elle est impressionnante de par sa taille, immense, de par ses couleurs, mais quand on la regarde en détail, c’est comme si Mirò avait donné du volume à ses peintures.

 

En outre, le travail des fibres crée un aspect chaleureux difficile à obtenir avec la peinture. Je suis surpris de voir comment Mirò provoque une sensation unique dans chaque oeuvre. C’est difficile à décrire. J’ai besoin de m’asseoir et de contempler. En extase.

 

Un autre saut dans l’espace et dans le temps.

 

Depuis que j’ai ce carnet, aller à Mont-Roig est devenu une obligation. C’est un endroit mythique. En le visitant, on comprend mieux Mirò. En quelque sorte, c’est un pélerinage. Si on y va, c’est qu’on le veut. Je me dirige vers l’office du tourisme. Je veux visiter trois choses : le village, l’ermitage de la Roca et Mas Mirò. Carte en main, je me mets en route et je revisite des endroits à partir de ceux peints par Mirò. Le village semble avoir peu changé. A présent, il y a des caméras de surveillance, mais en essence il est resté le Mont-Roig de Mirò.

 

Je poursuis ma route et j’arrive à la montagne de la Mare de Déu de la Roca. Encore un endroit qu’il faut trouver. Là, le rouge redevient présent et je me rends compte que tout ce qui entourait Mirò a eu une profonde influence sur lui. Le roig-rouge saute aux yeux et contraste avec le bleu du ciel. Je m’installe, je cherche l’ombre et je me mets à dessiner.

Mas Mirò, la maison de campagne, a peu changé depuis la dernière fois où Mirò s’y est rendu. Il y a quelques modifications dans la structure, mais rien d’important. Je m’installe à l’endroit même où Mirò a peint le tableau »La Masia ». Il fait chaud et je me protège du soleil. Mirò travaillait le matin. Il se levait tôt, très tôt, et travaillait jusqu’à l’heure du déjeuner. Ensuite il faisait une sieste. Et l’après-midi, il allait en famille à la plage, où il ramassait tout ce qu’il trouvait. Au retour, il répondait au courrier, puis il dînait et allait se coucher. Il avait du temps, le bien le plus précieux de ce monde.

Le dernier saut dans l’espace et dans le temps.

 

Chaque fois que je me rends à la Fundaciò en partant de Sants, je passe devant l’oeuvre « Femme et oiseau ». Le meilleur moment pour la dessiner, c’est l’après-midi, lorsque la lumière l’éclaire de côté. Je cherche un bon endroit. Il y a des travaux dans le parc de l’Escorxador, mais je trouve intéressant le contraste entre les machines et la sculpture.

 

Je ne veux pas partir sans avoir salué l’arbre préféré de Joan Mirò. Le moment est venu de poursuivre ma route, avec une caroube dans ma poche comme le faisait Mirò. Sans oublier d’où nous venons, il faut aller de l’avant pieds nus, au contact de la terre.

 

 

 

 

Swasky est illustrateur et urban sketcher. Formé aux Beaux-Arts et en communication audiovisuelle à Barcelone, il a travaillé en tant qu’illustrateur auprès d’entrprises telles que Sònar, Circulo de Lectores et Icon magazine. Gagnant du prix international du Carnet de Voyage de Clermont-Ferrand 2012 pour Voltant per Sants, et en 2017 pour Holà Mirò !!!, il a publié d’autres carnets de voyage, parmi lesquels Enjoy Gaudi (2013) et Catalan Wine Landscapes (2014). Il fait partie des organisations USK Barcelona et USK International.

Plus d’informations

Ses carnets de voyage

Hola Mirò !!!
Ed. Gustavo Gili, 2017

 

 

Voltant per Sants
Ed. Ajuntament de Barcelona, 2011

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