Celtic Travel Log  par Patricia Allais Rabeux

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Eire, me voilà !

1
Cimetière celtique
Trim
13.05.2016 - Voir la carte
2
Manger à Howth
Howth
12.05.2016 - Voir la carte
3
Les élèves peintres
Howth Castle
12.05.2016 - Voir la carte
4
Sur les traces de Braveheart et William Wallace
Trim Castle
13.05.2016 - Voir la carte
5
Pub, danse, et kilt
Galway
16.05.2016 - Voir la carte
6
Dialogue à deux couples, dans un ascenseur
Guinness Storehouse, Dublin
21.05.2016 - Voir la carte
7
Observations à Temple Bar
Temple Bar
22.05.2016 - Voir la carte
8
Sombre visite à Derry
Derry - Londonderry
19.05.2016 - Voir la carte
9
Routes irlandaises
Entre deux murs
20.05.2016 - Voir la carte

Patricia Allais Rabeux

La valise est prête, j’ai pris des pulls et un maillot de bain. Pour le bain de mer, je suis très optimiste, j’adore l’eau, mais ce n’est pas les Caraïbes non plus !

 

Sinon j’ai rempli les alvéoles, toutes, d’aquarelles, j’ai choisi et lavé les pinceaux avec soin.

 

Le carnet de voyage est prêt. Comme d’habitude un énorme classeur dans lequel s’intercalent une page de dessin, une feuille de papier aquarelle 300gr, une page de cahier et une poche : croquer, écrire, collecter.

 

J’espère bien aussi rapporter de la laine de mouton, des herbes grasses et sauvages, des pavés. Parce que sous les pavés la mer ? Pas du tout, juste pour ma collection personnelle.
Carte routière et carte bancaire, j’ai toutes les cartes en main pour découvrir l’Eire !

 

 

Nous avons toute la journée et il fait beau, nous décidons donc de laisser notre voiture au pied de Priory of St John the Baptist. Après à peine cinq minutes de marche, nous voici à l’entrée d’un cimetière celtique.

 

Je me doute bien que les Irlandais ne visitent pas leurs cimetières pour faire du tourisme. Mais celui-ci nous parle de Vikings, de drakkars, de druides et de fées : je retourne aussitôt en enfance.

 

Il paraît qu’il y a des phoques, ah bon! Je n’en ai pas vu.
Pour aller jusqu’au phare de Baily, il faut compter deux heures. La promenade est magnifique entre genêts jaunes, bruyères violines et falaises abruptes. Par contre, nous les avons longées d’un peu trop près à mon goût : vertige ! Hou là là ! Je n’aime pas ça…

 

Au passage nous croisons la maison où William Yeats a passé quelque temps. Il paraît que le fameux poème « Les Blancs Oiseaux » a été écrit à Howth juste après que sa bien-aimée ait refusé sa demande en mariage. Le poète voulait alors s’échapper de cette déception.

 

Les Dublinois, eux, s’échappent de la ville pour venir déguster des fruits de mer. Nous avons préféré manger un fish and chips, sur un banc en face de chez Besshoff Bros. Nous souhaitons être dépaysés, on n’est pas à Dieppe, nous voulons manger local ! Plaisanterie mise à part, je n’en avais jamais goûté, donc je me devais d’en faire mon premier repas sur le sol irlandais.

 

Je n’ai pas été déçue par le découverte dégustative. Ce premier fish and chips sera le meilleur de tous, car il restera gravé dans ce merveilleux souvenir.

 

Depuis notre retour, je teste les pubs Irlandais mais aucun fish and chips n’égale celui-là, celui de la première fois…

Howth est un village viking fondé en 819, les Scandinaves s’y sont réfugiés lorsque les rois d’Irlande les ont vaincus. Howth est resté sous l’emprise irlandaise jusqu’à l’invasion anglo-normande en 1169. C’est en 1177 que Armoricus Tristan y construit son château. Celui-ci est toujours la propriété des comtes de Howth, qui y ont fait différentes rénovations.

 

En 1576, lors d’un voyage, Grace O’Malley s’est vu refuser l’entrée du château sous prétexte que la famille dînait. En représailles, elle kidnappe le petit-fils et ne le libère que lorsqu’elle est certaine que les portes seront toujours ouvertes aux visiteurs inattendus. Il paraît que les héritiers observent toujours l’ultimatum. Que nous n’avons pas testé.

Après une sublime flânerie le long de la rivière, nous nous trouvons sur la rive opposée, face au Château, une classe et leur professeur arrivent également. Jupes et pantalons gris, chemises blanches, cravates et gilets bleu marine, en Irlande les étudiants portent l’uniforme.
Ils ont apporté cahiers et crayons, ils s’assoient sur le talus, juste devant moi, sur l’autre rive se trouve la tour hexagonale du château, ils se mettent à dessiner. Je fais tout de suite de même, l’occasion est trop belle. Je suis sur les terres irlandaises depuis à peine 24h et déjà, je partage un moment dessiné avec une vingtaine d’écoliers.

 

Hello ! Bonjour !

 

Nous échangeons quelques phrases et beaucoup de sourires sincères. Je leur laisse ma carte en espérant qu’ils visitent mon blog, et surtout qu’ils m’écrivent. En rentrant, j’étais un peu déçue qu’ils ne l’aient pas fait.

 

Ce château servait à se défendre contre les Gaël. Il est le plus grand, le plus important d’Irlande, et aussi celui dont l’architecture normande et médiévale est la plus complexe.
Fondé vers 1174 par Walter De Lacy, Lord de Meath, il était le centre de la « Liberty of Meath», une région administrative normande créée par Henri II d’Angleterre. Région qui marquait l’ancienne frontière avec les Britanniques.

 

Lorsque j’ai partagé quelques unes de mes photographies sur les réseaux sociaux, elles ont été commentées ainsi : « Mais qui a eu l’idée de construire un immeuble moderne juste à côté ? » Après avoir effectué quelques recherches, j’ai trouvé la réponse: le ministre Martin Cullen a autorisé la construction d’un hôtel sur un terrain en vis-à-vis. Cette décision a été fortement critiquée, car elle pollue le paysage historique, mais elle apporte de nombreux touristes dans la région du Meath, et a donc un intérêt économique.

 

C’est ce château que Mel Gibson, le réalisateur de Braveheart, l’un de mes films préférés, a choisi pour tourner certaines scènes en1994. De premier abord on reconnaît assez facilement la silhouette du château. Mais il faut réellement entrer dans l’Office du Tourisme pour être télétransporté dans l’action du film. En effet, ils possèdent une série de photographies expliquant et montrant le travail méticuleux et gigantesque des décorateurs du film…

 

 

À partir de 17h, les Irlandais sortent dans les pubs, et les Irlandaises s’habillent pour faire de même. Et ensuite, pub et musique, live bien entendu, on est vendredi soir tout de même…
A19h, la musique entraînante aidant, les Irlandais se sont mis et mises à danser. Je n’ai pas pu résister à l’envie de faire une démonstration de mes connaissances en la matière, ceux qui me connaissent apprécieront.

 

Entre deux pas de danses improvisés avec mes copines d’un soir, j’ai évidemment fait quelques croquis : l’équipe de je ne sais quel sport qui profite de la troisième mi-temps, une belle bande de joyeux gaillards. Lorsqu’ils ont remarqué que je les dessinais, ils m’ont proposé de regarder sous leurs kilts… Heu… Malgré mon envie d’enfin percer le secret – que portent-ils sous leurs jupes? – j’ai très poliment refusé.

 

Je ne vous dirai pas à quelle heure nous sommes rentrés… Passé une certaine heure, cela devient privé. Ce qui se passe au pub reste au pub, non? Je n’en dirai pas plus.

 

 

 

 

Nous sommes dans l’ascenseur pour sortir du musée, il est plein – l’ascenseur je veux dire.

 

Un couple discute, enfin c’est surtout elle qui cause, très énergiquement. Lui, il hoche la tête et fait « Hum hum », ou reste silencieux. Elle parle en anglais lorsqu’elle souhaite être entendue et en français lorsqu’elle ne veut plus être comprise.

 

Dialogue:
– Elle « Guiness is good for you…, it’s always… Moi, je trouve ça scandaleux… Non??? Vraiment, y a des trucs plus intéressant à voir. »
– Lui « Hum hum »
– Elle « It’s in level two, it’s for you. Cela va te plaire à toi. »
– Lui « Hum hum »
– Elle « On se retrouve à la caisse ? »
L’ascenseur s’arrête, lui descend.
– Elle « Dans combien de temps ? How many time ? »
Il sort sans lui répondre.
– Moi (ben oui, je me mêle toujours de tout) « Il y a déjà au moins une demi-heure voire une heure d’attente. »
Elle reste sans voix, étonnée.
– Marc « Ho ! Là, je pense que vous l’avez perdu pour la journée… »
Tournée générale de sourires dans l’ascenseur.

– Elle «Ha non! On à un musée à voir… autrement plus intéressant!!!! On est passé devant : ce n’était pas encore ouvert. On à été à Saint Patrick, c’était fermé à cause de la messe… On a fini au musée Guiness en désespoir de cause. »
– Moi « Guinness is good for you. »
– Elle « Yes I know. »

 

Cette petite rencontre à égayé notre matinée. Cette femme, elle enquiquinait clairement son compagnon en français, pensant certainement être la seule Française de l’ascenseur. Si elle savait que justement l’église Saint Patrick à été restaurée grâce au sponsoring de l’entreprise Guinness…

 

Ceci dit, elle avait raison, mis à part la dégustation et le panorama sur la ville de Dublin, on a fait plus intéressant comme musée. A moins d’être brasseur amateur et de vouloir tout connaître la recette de la fameuse noire…

 

 

Vous pouvez lire tous les guides touristiques, écouter tous vos amis vous le raconter, ou encore lire ce récit, il faut le vivre en vrai pour le comprendre.

 

Je vous conseille très, très, très vivement de vous offrir un week-end à Dublin et de réserver votre samedi soir au quartier de Temple Bar. Après une après-midi volontairement calme, nous débutons notre de soirée à 17h. Ne riez pas, à cette heure-là dans Temple Bar, il est déjà difficile de rentrer dans les pubs, et après 17h30 il est impossible de se faire servir à dîner. Les Irlandais sont là, bière à la main, en train de reprendre en cœur leur refrain préféré.

 

Des gens partout qui font la fête et boivent, d’accord ! Mais avec une telle convivialité et une telle gentillesse ? La musique, la danse, les gens qui reprennent les refrains, tapent dans leurs mains, marquent le rythme, sourient, s’amusent. Vous laissent passer même si en fait il n’y a plus que trois centimètres carrés de place libre.

 

En ce qui concerne la bière, j’ai bien observé : en définitive, la plupart boivent une bière puis la remplacent par une chope remplie d’une sorte de cidre aux fruits rouges, pommes, poires ou autres fruits. Cette boisson est beaucoup moins alcoolisée que la bière, ils peuvent ainsi chanter jusqu’au bout de la nuit. Et ils ne s’en privent pas.

 

Nous commençons par flâner autour de la ville en marchant sur les remparts. Nous sommes certainement rendus un peu inquiets par le but de notre visite. Les remparts sont intacts, et après lecture des informations jalonnant notre parcours, ils n’ont en effet jamais connu de brèche, remplissant complètement leur fonction.

 

Nous arrivons par la porte de Ferryquay Gate, ma première joie est de voir les murs de l’intérieur de la cité, colorés et gais. Puis nous passons devant quelques de canons restaurés, symboles de l’époque où la ville se faisait attaquer.

 

En approchant de la Butcher’s Gate, nous voyons au loin les murs peints du Bogside, mais nous préférons faire d’abord le tour des remparts avant d’aller vers le Bloody Sunday Memorial. Nous avons bien fait, la seconde partie de la visite n’est pas très heureuse.

 

Nous voici devant The Guidhall. Nous entrons dans la ville fortifiée et nous retrouvons au croisement des quatre rues principales, place centrale appelée The Diamond.

 

 

 

Si nous avons poussé notre tour d’Irlande jusqu’au Nord, c’est bien pour aller voir Derry, fouler ses ruelles malheureusement célèbres depuis le 30 janvier 1972. Ce jour-là, dans les rues du Bogside, lors d’une manifestation organisée par le NICRA, une organisation pour défendre les droits civiques et l’égalité des droits entre catholiques et protestants, 14 personnes furent assassinées, et 14 autres furent blessés, 2 furent écrasées par les véhicules militaires, et 5 reçurent des balles dans le dos, par un contingent de l’armée du Royaume-Uni. Nombre de familles avaient fait le déplacement depuis les faubourgs pour cette marche pacifique, d’ailleurs 7 adolescents sont morts. A la suite de cette journée, de nombreux hommes se sont engagés auprès de l’IRA (l’Armée Républicaine Irlandaise). Cette tragédie est devenu le symbole de la lutte de toute une génération, et surtout celui de la lutte armée contre le gouvernement anglais.

 

Avec mon mari, nous avons arpenté ces rues et ruelles traversantes, en silence, n’échangeant que quelques regards. Les autres visiteurs étaient visiblement dans le même état d’esprit que nous. Des affiches militantes sont toujours visibles et collées sur les réverbères. Cette histoire saigne toujours dans le cœur des Chrétiens Irlandais, elle n’est pas assez ancienne. Signe peut-être que les temps changent doucement, depuis quelques années des artistes de street art ont été invités à témoigner au fronton des immeubles, avec de grandes fresques le long de Rossville street.

Quiconque prévoit de se déplacer en Irlande par la route se doit d’être préparé. Eh bien moi, je n’étais absolument pas préparée, et devenir passager à droite, sans volant, avec les murets qui vous arrivent dans la figure à chaque virage, c’est un sacré challenge. J’aurais mieux fait de prendre une assurance… et de prendre le volant !

 

Je ne veux pas dire du mal des Irlandais que j’adore, mais mis à part les autoroutes et voies rapides, leurs routes sont plutôt… imprévisibles… Très étroites, mais à double sens. Bosselées, cahoteuses, mais limitées à 80 km/h. Fermées par des murets, du coup on ne voit pas grand-chose, et surtout pas les voitures derrière le virage. Sans bas-côtés, du coup on ne peut pas se croiser. Bref.

 

Il ne faut pas calculer votre trajet en kilomètres, mais en temps.

 

Quelques kilomètres peuvent prendre longtemps.

 

D’ailleurs nous l’avons pris, juste pour le plaisir des paysages.

 

A 11 ans, je voulais être artiste peintre.
A l’aube de mes 18 ans, au lieu de m’inscrire dans une école d’art, le permis de conduire en poche depuis seulement une semaine, avec des copains, j’ai traversé le Sahara en voiture.
Devenue peintre, j’ai peu voyagé pendant une longue période, la peinture suffisant à m’emmener ailleurs.
Il y a cinq ans, j’ai pris l’habitude de quitter la solitude de mon atelier picard, pour me promener à Paris : j’avais besoin de marcher, d’écouter, de humer la ville. Nous oublions trop souvent de regarder autour de nous, nous oublions trop souvent de nous parler.
Mettre mes déambulations sur une toile, c’était naturel, évident.
L’envie de partir, comme une piqûre de rappel, est revenue. Lorsque je regarde une carte du monde je cible d’abord les villes. Manhattan, c’est la CITY et c’était également, le rêve de mon adolescence. Je reviens de Rome, Dublin, Belfast et je voudrais aller dans le désordre à la Havane, Panama, Lisbonne, Saint-Pétersbourg, Vienne, Calcutta, Hô Chi Minh-Ville.
Partout en fait !

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