Drive your adventure  par Elsa Frindik-Pierret et Bertrand Lanneau

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1
France - 1er jour
A côté de Nantes
04.05.2016 - Voir la carte
2
Peace on the road
Ile de Texel, Pays-Bas
13.06.2016 - Voir la carte
3
Recettes européennes
Ile de Fanø, Danemark
17.06.2016 - Voir la carte
4
Périple scandinave
Un peu partout là-haut
30.06.2016 - Voir la carte

Elsa Frindik-Pierret et Bertrand Lanneau

4 mai 2016, top départ de cette aventure incroyable ! Tout commence à Nantes, qui sera également dans six mois notre ligne d’arrivée. Nous avons tant de choses à vivre avant le mois de novembre !

 

Nous faisons connaissance avec celui qui sera notre compagnon de route pendant ces six mois. Le van est tout clinquant, nous osons à peine entrer dedans de peur de l’abîmer. Pourtant, il va falloir nous y faire, ces 6 m² sont désormais notre maison, notre unique adresse. Une adresse mobile, mouvante, internationale. Nous commençons par le remplir de nos affaires : caisses de vêtements toutes saisons, trousse à pharmacie, ustensiles de cuisine, matériel technique, accessoires de sport, GPS et cartes routières. Heureusement qu’il y a suffisamment de rangements !

 

Bertrand s’installe au volant, nous bouclons nos ceintures. Dernier coup d’œil vers les locaux de We-Van, et c’est parti. Dans le rétroviseur, les proches et les amis s’éloignent, nous n’apercevons déjà plus leurs bras qui s’agitent. Sur la route, nous rions beaucoup, comme grisés par ce sentiment d’exaltation. C’est fou comme en si peu de kilomètres la route se transforme en terrain de jeu. Elle dessine un méandre de possibles. « On va voir ce qu’il y a par là ? » Notre curiosité n’a plus de limite.

 

Un coin pour dormir

 

La première nuit est un peu moins enjouée. Il faut trouver un coin sympa où dormir sans risquer de gêner. Nous ne sommes pas encore tout à fait familiers de cette maison miniature. Et puis dormir à deux dans un lit de 110 cm de large, c’est une habitude à prendre. Mais nous ne nous inquiétons pas, c’est l’affaire de quelques nuits. La joie de commencer cette extraordinaire expérience nous comble, nous sommes fin prêts et impatients de la vivre !

 

Trouver un coin pour dormir est l’une des préoccupations majeures de la vie en van. Pour cela, les aires de camping-cars ou les terrains de campings permettent un confort maximal (douches chaudes, toilettes, eau potable et autres services à disposition). Mais il est tellement plus excitant de se dénicher un coin sauvage où passer la nuit à la belle étoile. Nous alternons souvent les deux options afin d’équilibrer confort et aventure.

 

Notre rituel s’installe rapidement : avant que la nuit tombe, il faut nous mettre à la recherche du lieu qui deviendra notre « nightspot » du jour. Pour cela, nous cherchons dans les cartes et fouillons dans le GPS pour débusquer les petites routes sans nom, les chemins peu empruntés. Ou alors, nous laissons une chance au hasard et à notre intuition, tournant à droite ou à gauche à la prochaine intersection. Dans les deux cas notre destination est inconnue. Parfois nous ne trouvons pas tout de suite, nous rebroussons alors chemin et recommençons. Mais il arrive heureusement que le premier essai soit le bon et que nous trouvions un parfait recoin pour nous accueillir.

Le nightspot idéal est :
– plat, pour ne pas tomber sur l’autre en dormant
– discret, pour ne pas importuner les locaux
– agréable, pour se sentir bien
– doté d’une jolie vue, pour s’en mettre plein les yeux au coucher et au petit déjeuner

 

Chaque pays a sa propre réglementation sur le camping sauvage et/ou le fait de dormir dans son véhicule. Il est bon de se renseigner sur la législation du pays traversé pour éviter réprimandes voire amendes. Bien sûr, nous respectons certaines règles de vie inhérentes à la vie en van comme : éviter les terrains privés (sauf autorisation du propriétaire), ne pas donner l’impression de s’installer en sortant toutes nos affaires du van, arriver tard et partir tôt, et surtout respecter l’environnement en ne laissant rien derrière nous (détritus, déchets, papiers toilettes).

 

Un peu de bon sens et de respect, l’aventure n’en sera que plus belle.

 

 

 

 

 

Nous avons baptisé notre van « Patrick ». Nous nous étions mis en quête d’un prénom à la fois bien français mais avec une prononciation simple pour nos amis européens. Alors pourquoi « Patrick » ? Le modèle du van est un California Coast et on lui a greffé des planches de surf… Surf + Californie = Point Break, LE film de référence en matière de surf et dont la star n’est autre que (feu) Patrick Swayze. Mais oui, bien sûr, Patrick ! Voilà nous le tenions, « Patou », « Patoch », « Pat-pat », ou même « Ricky », bref « Patrick ».

 

Notre grand tour a démarré de Nantes, nous avons traversé la Bretagne, rejoint les côtes irlandaises en ferry, roulé jusqu’au nord de l’Irlande pour embarquer vers l’Ecosse, continué jusqu’aux Highlands pour redescendre en Cournouailles, quitté l’Angleterre pour retrouver le continent et commencer notre remontée vers le grand nord en commençant par la Belgique puis les Pays-Bas.

 

 

« C’est tellement propre et neuf qu’on dirait un hôpital de luxe. » Voilà ce que Mattijs a dit en visitant « Patrick ». C’est sûr que, comparé à son van, notre intérieur manque de personnalisation. Stickers, drapeaux, boa de plumes, cactus, noix de coco, danseuse hawaïenne, son véhicule regorge de petits trésors, souvenirs de ses différents voyages.

 

Son coup de foudre pour le voyage itinérant date de l’Australie en 2013. Il y a séjourné six semaines dans un van de location. À son retour aux Pays-Bas, c’était décidé, il s’achèterait son propre van et il réaliserait ses rêves de baroudeur.

 

Mattijs a acheté son véhicule vide et l’a complètement retapé. Du moteur aux sièges, des meubles au toit ouvrant, tout est fait maison et ça se sent. Après sept mois de bricolage et de restauration, il teste la machine cinq jours en Allemagne. Essai concluant qui le motive à partir six semaines dans le sud de l’Europe. Depuis, son van est devenu son unique véhicule.

 

Nous nous rencontrons sur l’île de Texel et nous suivons son drapeau « PEACE » accroché à l’arrière de son camion. Il nous fait découvrir l’île qu’il connaissait bien étant enfant. Nous marchons sur les longues plages, cherchant phoques à observer ou vagues à surfer. Mais nous ne trouverons aucun des deux. L’écume et le soleil à l’horizon nous suffisent. Nous faisons aussi connaissance avec la forêt de Texel. Dense et musicale, elle nous permet de tirer la slackline, d’accrocher le hamac et d’allumer un petit feu. Détente et air frais. Liberté.

A deux vans

 

Nous quittons Mattijs à la fin du week-end en espérant le revoir bientôt. Dans deux ans, il réalisera un de ses grands rêves : parcourir l’Amérique dans sa totalité, nord et sud, pendant deux ans. C’est certain : nous suivrons ses aventures et pourquoi pas le rejoindre un moment ?

 

Voyager à plusieurs vans nous avait manqué. Avec Mattijs, nous redécouvrons ce que c’est de vivre l’itinérance en groupe. Des vrais nomades. Ça nous permet de partager encore plus profondément notre voyage que lorsque nous nous arrêtons chez les gens. On se sent porteurs des mêmes valeurs, des mêmes passions, des mêmes envies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le quotidien dans 6m2

 

La lumière du jour perce à travers les interstices des rideaux de notre van « Patrick » et vient chatouiller nos visages. Le réveil au rythme du soleil est très agréable. Pas de sonneries de portable ou de vibreur perturbateur. On s’étire, puis chacun son rôle : je roule les draps, replie le lit et installe le petit déjeuner, Bertrand fait le tour des fenêtres pour lever les rideaux, et ranger les affaires. Les habitudes s’installent vite même hors du quotidien. Thé, biscottes et céréales avalées, nous consultons la carte et décidons de notre destination. Un des moments les plus agréables. La liberté d’aller où bon nous semble. Choisir puis partir.

 

Sur la route, Bertrand conduit bien plus souvent que moi car il s’ennuie quand il est passager. Comme tout couple au volant, pilote et copilote sont parfois en désaccord mais ça ne dure jamais très longtemps. Toutes les haltes sont possibles, tous les détours aussi. Les pauses « toilettes publiques » sont les plus fréquentes, et s’il y a un lavabo on en profite pour faire notre vaisselle et préserver nos 30 litres d’eau potable.

 

La journée en van est rythmée par nos visites, nos excursions, nos contemplations et nos rencontres. Quelques mots échangés avec les locaux, quelques conseils partagés avec les voyageurs. Nous nous nourrissons de chaque sourire, chaque accent, chaque histoire. C’est important de ne pas rester enfermés dans notre coquille sur roues, de rester ouverts aux autres.

 

 

Quand le soir vient, nous cherchons notre « spot à dodo ». Il faut qu’il soit discret, agréable, plat et si possible avec une jolie vue. Le coucher se ritualise aussi, Je déplie le lit et Bertrand range et installe les rideaux. « Chaque chose à sa place » est la règle d’or de la vie en van. Dans l’étroit mais confortable lit de « Patrick » nous ne manquons de rien. Toutes nos affaires nécessaires logent dans ce camion. Nous réalisons la futilité d’un tas de choses. Nous avons peu mais ça nous semble tout.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Découvrir l’Europe passe aussi par l’assiette. Après les scones irlandais, la panse de brebis écossaise, l’english breakfast, les frites belges et le gouda hollandais, c’est Suzanne qui nous accueille à bras ouverts sur l’île de Fanø. Originaire d’une île plus à l’est du Danemark, elle est installée sur Fanø depuis douze ans où elle est infirmière pour la communauté de communes de l’île. Quand nous passons le portail de son jardin, elle nous demande de bien refermer derrière nous car les biches raffolent de ses plantes et autres délices du potager. Susanne va nous apprendre à cuisiner un plat typiquement danois: le kolskål.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ingrédients

 

2 œufs extra frais
4 cuillerées à soupe de sucre
500 ml de yaourt liquide
500 ml de babeurre (ou lait de baratte)
1 pincée de vanille (poudre, extrait ou bâton)
500 g de fraises
1 paquet de biscuits secs type pavé breton

 

 

Cassez les œufs dans un saladier, ajoutez le sucre et battez le tout de manière énergique.
Toujours en battant, quand le mélange est homogène, ajoutez le yaourt, le babeurre et la vanille. Continuez de bien battre la préparation.
Lavez les fraises et coupez-les en lamelles pas trop fines. Ajoutez les fraises à la mixture et réservez au frais au moins 1 heure avant de servir.
Au moment de la dégustation, versez une louche de ce délicieux breuvage dans des bols individuels puis émiettez les biscuits secs sur le dessus.

 

Après ce repas fort délicieux et fort danois, nous avons suivi notre hôtesse jusqu’au bateau de ses amis marins. Nous avons fait deux heures de balade autour de l’île pour aller voir les colonies de phoques. Au retour, rien de tel qu’un snaps (se dit « chnaps ») pour se réchauffer !

 

 

Hors du temps

 

Nous nous sentons en dehors du temps. Comme suspendus au dessus de la réalité, en dehors de notre société. Pour nous, pas de lundi morose, pas de pause déjeuner avec les collègues, pas de verre en terrasse avec les amis, pas de vendredi joyeux, pas de plans pour le week-end, pas de métro-boulot-dodo, pas de vacances. Nous perdons la notion du temps, c’est une sensation étrange. Nous nous sentons en marge, échappant à toute norme. Sans rythme, c’est comme si le temps ondulait, s’étirant parfois ou accélérant soudainement. Écrire un journal de bord aide à garder un œil sur le calendrier. Mais les jours de la semaine et les dates ne signifient plus grand-chose. Le week-end n’existe plus sans les jours de semaine, et inversement. Chaque jour est à définir. À nous de lui donner un sens. Nous vivons au jour le jour, simplement, pleinement, librement.

 

 

 

 

 

 

Les bâtiments de briques rouges laissent place aux maisons de bois. Les murs de planches verticales et leurs liserés de peinture blanche nous indiquent que nous pénétrons au cœur des pays scandinaves. Notre ascension vers le cercle polaire arctique commence avec son lot de paysages époustouflants que nous réservent la Suède, la Norvège et la Finlande.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le voyage itinérant a été une véritable révélation pour nous. Nous avons désormais du mal à imaginer le voyage autrement. Pour nous, voyager ne se résume pas à « partir en vacances ». Voyager c’est découvrir, c’est explorer, c’est rencontrer. C’est aussi savoir se perdre et surtout prendre le temps. Ne pas se presser pour cocher un maximum d’endroits « à voir » ou « à photographier » en multipliant les images sans les vivre. Alors oui pendant nos voyages nous ne voyons pas et ne faisons pas « tout » mais nous prenons le temps de regarder, d’expérimenter, d’apprécier, de partager, de ressentir, de vivre. Le meilleur moyen pour cela c’est le voyage itinérant : pas d’attache, pas d’obligation, une osmose avec son environnement et une liberté illimitée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moi, celle qui écrit, c’est Elsa, oléronaise diplômée de gestion culturelle à Aix-en-Provence. C’est là que je rencontre Bertrand, alors étudiant en marketing et événementiel du sport, et toujours caché derrière l’objectif de son appareil photo. Animés par la même vision de la vie, nous nous complétons plutôt bien : l’une hyperactive et organisatrice dans l’âme, et l’autre hyper-artiste et spécialiste des grands espaces. C’est en 2014 en Australie que nous découvrons le voyage en campervan. Et quelles sensations ! Nous expérimentions alors la définition même de la liberté. Nous étions libres. Libres d’aller où bon nous semblait, libres de faire un détour, de rester plus longtemps ou de partir plus tôt, libres de dormir ici ou là.

 

Lorsque nous avons été sélectionnés par We-Van pour porter haut les couleurs de l’itinérance, nous nous doutions que le trajet imaginé au départ ne ressemblerait pas tout à fait à celui que nous ferions. Sérénité, nature, ouverture à l’autre, c’est un mode de vie qui questionne notre quotidien et bouleverse nos habitudes. Et c’est tout le mal que nous vous souhaitons !

Plus d’informations

Leur livre

 

Drive your adventure
Editions La Martinière
, 2017

Pour commander le livre, c’est ici.

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